La conversion au vegetarisme face aux pratiques frauduleuses ?

La conversion au vegetarisme face aux pratiques frauduleuses ?

En janvier 2013 Aymeric Caron, grand reporter, chroniqueur, et végétarien assumé, publiait No Steak. Dans cet ouvrage, il explique « pourquoi on ne mangera plus de viande » et pourquoi il est « partisan du fait qu’on n’en mange plus ». En clair, il prédisait l’avènement du végétarisme universel dans un futur proche.

 

No Steak, Aymeric Caron, publié en janvier 2013

 

La conversion au végétarisme serait en effet une réponse — radicale pour le coup — face à  l’angoisse que font naître aujourd’hui certaines pratiques frauduleuses dans l’industrie de la viande. Le mouvement vegan a pour lui bon nombre d’arguments : diététiques, économiques, environnementaux, éthiques, spirituels, voire philosophiques.

 

Ceux-ci ne sont pas nouveaux, mais le contexte actuel ne fait que leur donner du crédit. Or l’Homme est omnivore : nous sommes génétiquement programmés pour manger de la viande. Et ne pas en consommer, peut exposer à des risques nutritionnels plus ou moins facilement maîtrisables.

 

Roger-Pol Droit, dans un point de vue publié par Les Echos, adopte une position plus mesurée qu’il me semble intéressant de retranscrire ici :

« Doit-on vraiment réfléchir en termes de tout ou rien ? […] En réalité, il serait bien possible que nous ayons intimement besoin de manger des vivants. En tout cas, la plupart d’entre nous. A défaut d’être des anges végétariens, sachons reconnaître en nous la bête carnivore. Cette fois encore, pas question de protéines ni de lipides, mais de psychisme. On conviendra aisément que dévorer à belles dents des muscles et des tripes n’est peut-être pas le stade ultime du progrès humain, mais il est possible que ce soit une satisfaction nécessaire. A condition d’en régler l’usage.

Manger de la chair suppose de savoir ce qu’on fait, de ne pas banaliser cette action, de n’oublier ni son sens ni son poids. Les grandes traditions religieuses le savent. Leurs interdits alimentaires, leurs abattages rituels ou leurs prescriptions dogmatiques peuvent sembler incompréhensibles, arbitraires, voire ridicules. Elles affirment pourtant, à leur manière, quelque chose d’essentiel : se nourrir de chair n’est pas une question simplement pratique, mais aussi hautement symbolique, engageant une éthique, un rapport à soi, aux autres, au monde. L’industrie alimentaire globalisée tend à effacer cet aspect central de l’existence humaine. Si quelques surgelés tapageurs servaient à y penser, ce ne serait pas une mauvaise affaire. »